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vendredi, 04 septembre 2020

Turkménistan : la diplomatie de la logistique

La situation géographique particulièrement favorable du Turkménistan, au bord de la mer Caspienne, au croisement des routes commerciales entre l’est et l’ouest, le nord et le sud, en fait un lieu de passage privilégié pour les voies de transport entre la Méditerranée et l’Asie, l’Europe du Nord et le Moyen-Orient. Déjà dans l’Antiquité et au Moyen Âge, les terres turkmènes étaient sillonnées par les caravanes de la route de la soie qui amenaient les marchandises de Chine jusqu’au Proche-Orient et aux comptoirs de la mer Noire.

De ce fait, le pays bénéficie d’un potentiel particulièrement impressionnant dans le domaine de la logistique : ligne de chemin de fer transnationale Kazakhstan-Turkménistan-Iran, ponts ferroviaires et routiers sur l’Amou-Daria, en direction de l’Afghanistan, aéroports internationaux ultramodernes à Achgabat, Türkmenbaşy et Türkmenabat… Dans cet ensemble, la région de la Caspienne occupe un rôle clé grâce au centre multimodal constitué par le Port maritime international de Türkmenbaşy, ouvert sur le réseau routier et ferré du pays et par lequel transite la moitié du tonnage total du transport de marchandises dans le pays.

Cette position permet à la diplomatie turkmène d’avancer des propositions dynamiques pour renforcer le commerce dans la région de l’Asie centrale, du Caucase et au-delà. Ainsi, le 2 juillet dernier, une réunion trilatérale par vidéoconférence s’est tenue entre les présidents du Turkménistan, de l'Afghanistan et de l'Azerbaïdjan. Le principal sujet à l’ordre jour a été le projet conjoint de couloir international de transit et de transport Lapis-Lazuli sur la route Afghanistan-Turkménistan-Azerbaïdjan-Géorgie-Turquie. Le président turkmène Gourbangouly Berdymoukhamedov a notamment proposé la création d’un centre logistique unique destiné à assurer la cohérence des actions conjointes afin de former un flux de marchandises stable et un système de transport efficace sur le territoire des pays participants.

Dans ce contexte, le rôle du port de Türkmenbaşy avec ses différents terminaux (pétrolier, ferry, passagers et fret) a été souligné. Il convient également de noter qu’un nouveau complexe de stockage d’essence et de carburant diesel a été construit au poste de contrôle Imamnazar, à la frontière turkméno-afghane, autre nœud important des systèmes de transport turkmène sur la route Afghanistan-Turkménistan-Azerbaïdjan. Sur la même frontière, le poste de Serkhetabat offre également des bonnes possibilités pour le transit de marchandises.

Autre point abordé par le président turkmène : la poursuite de la politique de prix unique pour le transport des marchandises le long de la route qui relie les trois pays, et cela dans les deux sens. Cette politique est fondée sur la volonté de créer des conditions économiques et financières optimales, sur un pied d’égalité entre tous les participants au partenariat dans le secteur des transports.

Parmi les propositions turkmènes figure également la simplification des procédures douanières par l'introduction d'un système basé sur le principe du « guichet unique ». Le Turkménistan met déjà en œuvre, avec succès, le programme douanier « SYDONIA » des Nations Unies.

Dans la continuité de la rencontre trilatérale en ligne – et toujours dans le cadre de la diplomatie de la logistique –, les dirigeants du Port maritime international de Türkmenbaşy, du port international de Bakou (Azerbaïdjan) et des ports d’Aktaou et de Kourik (Kazakhstan) ont débattu par vidéoconférence des questions de transit à travers la mer Caspienne en tenant compte des réalités modernes. Il s’agit notamment de la mise en place d'un échange électronique d'informations entre les différents ports pour utiliser efficacement les infrastructures existantes pour doper le potentiel de transport.

C’est dans le même état d’esprit que le Turkménistan développe sa coopération multiforme avec la République islamique d'Iran. Ainsi, en juin, un pont routier sur la rivière Tejen a été ouvert au poste de contrôle de Serakhs, à la frontière entre les deux pays. L'installation, qui répond aux normes internationales, a permis d’équiper l'autoroute Tejen-Serakhs pour le transit des poids lourds turkmènes et iraniens, mais aussi, bien entendu, ceux en transit, en provenance de pays étrangers.