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lundi, 07 novembre 2022

Nouvelle perspective européenne pour le gaz turkmène

Pour Batyr Amanov, ministre d’État et président de Turkmengaz, le Turkménistan, acteur clé dans l’arène énergétique mondiale, a de grandes perspectives d’approvisionner l’Europe en gaz naturel. S’exprimant dans le cadre de la conférence « Pétrole et gaz du Turkménistan – 2022 » (OGT-2022), il a précisé que, compte tenu de la forte demande de gaz naturel sur le marché mondial, Turkmengaz était prêt à coopérer pour diversifier davantage les routes et les approvisionnements vers les marchés internationaux de l’énergie afin de renforcer la sécurité énergétique régionale.

Au cours du même forum, Mme Natalie Costello, directrice du comité consultatif de Trans Caspian Resources Inc., a expliqué la meilleure manière de mettre en œuvre techniquement le projet de transport de sources d’énergie turkmènes vers le marché européen. Selon elle, il suffirait de construire un gazoduc transcaspien de 78 km de long entre le Turkménistan et l’Azerbaïdjan pour transporter le gaz des plates-formes offshore existantes.

L’idée est de capter le gaz de torche de la production offshore du Turkménistan vers une plate-forme azerbaïdjanaise opérationnelle. L’interconnexion, d’une capacité de 10 à 12 milliards de mètres cubes par an (mmca), pourrait relier le gaz produit au Turkménistan au corridor gazier sud.

Mme Costello précise que ce gazoduc pourrait être construit et mis en service rapidement et avec le soutien de diverses parties. Elle estime que, dans un environnement économique et politique maintenant propice, de nombreux obstacles pourraient être surmontés. Le volume initial d’approvisionnement via le connecteur pourrait s’élever à 5 mmca et être porté à sa pleine capacité dans les 2 ou 3 ans.

Quant au coût du projet, les estimations préliminaires varient entre 400 et 600 millions USD. « Avec des engagements contractuels appropriés, ce gazoduc est financièrement et commercialement viable », a-t-elle souligné.

L’intérêt de ce projet visant à fournir de l’énergie turkmène à l’Europe s’est considérablement accru dans la mesure où l’Europe, dans le contexte des sanctions contre la Russie se trouve obligée de diversifier ses sources de ravitaillement, notamment en gaz naturel, des approvisionnements supplémentaires étant nécessaires pour répondre aux besoins des industriels et des consommateurs.

Mme Costello a mentionné deux domaines de travail clés qui pourraient concrétiser cette idée de gazoduc dans un proche avenir : le premier est l’achèvement de l’étude de faisabilité et le second, la coopération du gouvernement turkmène.

Selon elle, la société Trans Caspian Resources est prête à livrer l’étude de faisabilité et les études d’ingénierie initiales connexes, les études de conception ainsi que les examens environnementaux réglementaires et juridiques.

Quant aux premiers clients, ce seraient les pays du Caucase, déjà reliés par des pipelines à l’Azerbaïdjan, à savoir, l’Arménie, la Géorgie et sans doute aussi la Turquie. Un point positif est la position de George Chikovani, directeur général de la Georgia Oil and Gas Corporation, qui s’est prononcé en faveur du projet de livraison de gaz turkmène vers l’ouest. Il a précisé que, tout comme l’Union européenne, la Géorgie est intéressée par l’approvisionnement en gaz naturel turkmène que permettrait la construction de ce gazoduc transcaspien.

Cependant, l’obstacle principal a sa construction est évidemment la position de la Russie, acteur majeur parmi les pays riverains de la mer Caspienne. En théorie, le statut juridique de la Caspienne permet la construction de pipelines sur le fond de la mer si les pays traversés l’autorisent. Mais les autres peuvent soulever des objections, notamment en matière d’écologie. En définitive, la faisabilité du projet dépendra de l’état des relations entre le Turkménistan et la Russie et de la volonté de cette dernière de faciliter le transport du gaz turkmène vers l’ouest. De ce point de vue, un élément positif est évidemment que l’ouvrage ne sera pas réalisé avant plusieurs années et cela laisse à Moscou du temps pour négocier son accord en échange, par exemple, d’un assouplissement des sanctions.