mercredi, 03 février 2021

Les raisons de la bonne tenue de l’économie turkmène

Le Turkménistan a conservé une croissance forte en 2020, en dépit de la pandémie mondiale de SARS-CoV-2 et des restrictions de toute sorte qu’elle a engendrées. Cette résilience – qui ne manque pas de surprendre – trouve son explication dans les caractéristiques propres de l’économie turkmène, comme l’explique l’économiste Iouri Aronski, membre du Conseil de coordination de l’Union internationale des économistes, dans un article publié en janvier sur le site CentralAsia.news.

Pour commencer, il constate à quel point l'économie mondiale traverse des moments difficiles. La plupart des pays n'avaient pas eu le temps de se remettre de la crise de 2015-2017, lorsque la nouvelle épreuve mondiale de la pandémie de coronavirus est survenue à la toute fin de 2019. L'écrasante majorité des États du monde ont enregistré de graves récessions dans un certain nombre d'activités et d’industries et une baisse du PIB de l'ordre de 4 à 12 % selon les pays.

En 2020, les institutions financières internationales ont enregistré des taux de croissance négatifs dans tous les pays développés et la plupart des pays en développement, mais aussi des taux de croissance plus lents à des niveaux proches de zéro pour un petit groupe de pays. Dans le même temps, les chiffres définitifs de la croissance économique du Turkménistan présentent aujourd'hui des valeurs très convaincantes. Ainsi, selon des estimations préliminaires, le taux de croissance du PIB serait de 5,9 %, seulement en léger recul par rapport aux années précédentes.

Quels ressorts ont-ils permis au Turkménistan d’éviter une crise grave ? Selon Iouri Aronski, le premier facteur est que, au cours des trois décennies qui se sont écoulées depuis l’indépendance – et plus particulièrement depuis les années 2000 – les investissements ont représenté une part élevée du PIB. Cela, associé à la création de dizaines de milliers de nouveaux emplois, a permis d’augmenter considérablement le volume de la production. La création d’industries modernes de haute technologie a permis au pays de se lancer dans la transformation des matières premières brutes (pétrole, gaz, coton, autres ressources) en produits d'exportation à haute valeur ajoutée, bien plus chers sur le marché mondial que les matières premières elles-mêmes.

Comme le chef de l’État turkmène l’indiquait en décembre dernier, quelque 2 500 grands établissements industriels et sociaux d'une valeur de plus de 37 milliards USD sont en cours de construction au Turkménistan. Dans tous les secteurs du pays, de nouvelles entreprises innovantes et des infrastructures modernes sont en cours de construction – milliers de kilomètres de nouvelles routes et voies ferrées, gares, aéroports – sans oublier l’achat d’avions de ligne modernes, de machines agricoles et de nombreux autres équipements. Ces nouvelles installations contribuent à l'augmentation du PIB. En d’autres termes, les investissements effectués chaque année donnent un effet à long terme pour le développement économique du pays.

Si le Turkménistan est parvenu à poursuivre la croissance continue de son économie c’est principalement grâce à l'introduction au cours des dernières années de ces industries innovantes dont les produits sont très demandés aussi bien dans le pays que sur les marchés mondiaux, même en temps de crise. La modernisation de grandes installations industrielles, existantes depuis l’époque soviétique, produit des effets similaires. C’est par exemple le cas de la reconstruction, moyennant plusieurs milliards de dollars d’investissement, des raffineries de pétrole du Turkménistan. Cela a permis d'organiser la production d'essence et d'un certain nombre de produits pétroliers conformes aux normes Euro 5, tout en transformant plus de la moitié du pétrole extrait dans le pays en produits de haute valeur ajoutée qui répondent aux standards mondiaux.

La mise en service de la première usine au monde de production industrielle d'essence à partir de gaz naturel, près d’Achgabat, a permis au consortium d'État Turkmengaz de multiplier la production d'essence écologique de 3,6 fois en 2020. La nouvelle entreprise a également créé plus de 700 emplois.

Dans l’augmentation du PIB du pays, il convient également de noter le rôle du secteur privé : ses taux de croissance sont plus élevés que ceux du secteur étatique. Ainsi, selon les estimations préliminaires pour 2020 effectuées par l'Union des industriels et entrepreneurs, le taux de croissance dans le privé a été de 13,5 % pour la production industrielle et de 11,0 % pour la production agricole et alimentaire. En conséquence, la part des produits et services du secteur privé dans le PIB du pays (hors secteur pétrolier et gazier) est passée de 66 % à 71 % au cours de l’année dernière.

Selon Iouri Aronski, la politique économique du Turkménistan, qui vise au maintien stable des investissements publics et privés à un niveau élevé, donne des résultats positifs même dans le contexte des crises mondiales.