La Chine et l’Inde renforcent leurs positions en Asie centrale
Coup sur coup, les 25 et 27 janvier, la République populaire de Chine et l’Union indienne ont organisé des rencontres par vidéoconférence avec les chefs d’État des cinq pays d’Asie centrale : le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan. Le 30e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques à l’issue de l’indépendance de ces anciennes républiques soviétiques a été l’occasion de ces deux rencontres en ligne qui ont été principalement consacrées au développement des relations et à la coopération commerciale et économique, mais aussi politique.
« Asie centrale-Chine », le premier de ces deux sommets, a réuni, à l’invitation du chef de l’État chinois Xi Jinping, les présidents Kassym-Jomart Tokaïev (Kazakhstan), Sadyr Japarov (Kirghizistan), Chavkat Mirziïoïev (Ouzbékistan), Emomali Rahmon (Tadjikistan) et Gourbangouly Berdymoukhamedov (Turkménistan).
Après avoir tiré le bilan hautement positif de leurs relations, les participants ont esquissé les futurs domaines de coopération. En particulier, ils ont exprimé leur détermination à faire progresser le partenariat stratégique par des efforts conjoints tenant compte des intérêts de chacun. Il s’agit, en premier lieu, de soutenir la coopération politique et sécuritaire, ainsi que la coopération pratique multivecteurs basée sur l’ouverture, le bénéfice mutuel et le respect des intérêts des six États. Ils se sont également déclarés prêts à poursuivre la coopération dans la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Les parties ont également appelé l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), l’Organisation de coopération Islamique (OCI), l’Organisation de coopération économique (ECO) et d’autres organisations internationales et régionales à jouer un rôle plus actif dans la stabilité et le développement socio-économique de la région.
S’exprimant lors du sommet, le président Berdymoukhamedov a noté que, après leur indépendance, les États d’Asie centrale ont reçu le soutien global de la Chine, qui a été parmi les premiers à ouvrir ses missions diplomatiques dans leurs capitales. Pékin a apporté un soutien sérieux aux pays de la région dans leur développement sur la scène internationale et a pris des mesures importantes pour développer un partenariat économique et commercial à part entière. Le président turkmène a également noté que la présence d’intérêts mutuels objectifs permet aux pays d’Asie centrale et à la Chine de construire avec succès des partenariats dans le secteur des transports. Selon lui, le projet « Renaissance de la Grande Route de la Soie » proposé par la partie turkmène vise à donner une impulsion puissante au développement économique en Eurasie.
De son côté, le président Xi a promis que la Chine continuerait à soutenir fermement les pays d’Asie centrale dans le suivi de voies de développement adaptées à leurs réalités nationales en s’opposant fermement à toute tentative extérieure de fomenter des révolutions de couleur et à toute ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays.
Il a annoncé que la Chine visait à porter le commerce avec l’Asie centrale à 70 milliards USD d’ici 2030. En matière de transports et d’énergie, elle accélérera le projet ferroviaire Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan et d’autres corridors de transport reliant la Chine et l’Asie centrale. Il a aussi appelé à accélérer la construction de la ligne D du gazoduc Chine-Asie centrale et à élargir la coopération dans l’ensemble de la chaîne industrielle de l’énergie.
Le premier sommet « Asie centrale-Inde », qui était la seconde de ces deux rencontres en ligne, réunissait les mêmes participants des États centrasiatiques, à l’invitation cette fois du Premier ministre indien Narendra Modi.
L’un des principaux résultats de la rencontre a été la décision d’institutionnaliser le mécanisme du sommet en tant qu’événement biennal. Les dirigeants sont également convenus de réunions régulières des ministres des affaires étrangères, des ministres du commerce, des ministres de la culture et des secrétaires du Conseil de sécurité afin de préparer le terrain pour les réunions au sommet. Un Centre Inde-Asie centrale sera mis en place à New Delhi et servira de secrétariat.
En outre, les chefs d’État sont convenus de renforcer la coopération dans les domaines du commerce et de la connectivité, de la coopération au développement, de la défense et de la sécurité grâce à des outils particuliers : création d’un « Forum parlementaire Inde-Asie centrale », table ronde sur l’énergie et la connectivité, groupes de travail conjoints de hauts responsables sur l’Afghanistan, exercices conjoints de lutte contre le terrorisme, et d’autres mesures.
Les dirigeants ont réitéré leur ferme soutien à un Afghanistan pacifique, sûr et stable avec un gouvernement véritablement représentatif et inclusif. Ils ont également décidé de continuer à fournir une aide humanitaire immédiate au peuple afghan.
Lors de son discours, le président Berdymoukhamedov a noté qu’une tâche importante pour les pays d’Asie centrale et l’Inde était de construire des modèles de coopération vraiment solides, de formuler des objectifs stratégiques communs et de lancer des projets communs à grande échelle. Insistant sur les questions de transport, le chef de l’État turkmène a noté qu’il s’agit principalement de créer des corridors de transport Europe-Asie à travers l’Asie centrale jusqu’aux terminaux maritimes de l’océan Indien.
Une Déclaration de Delhi a été adoptée à l’issue du sommet. Le document embrasse la vision commune d’un partenariat global entre l’Inde et l’Asie centrale.