Le Processus d’Achgabat : une clé pour le développement des pays enclavés
Une Conférence ministérielle internationale sur la question des transports des pays en développement sans littoral s'est tenue dans la ville de Türkmenbaşy, sur la côte turkmène de la mer Caspienne. La réunion, organisée à l'initiative d'Achgabat sous les auspices des Nations unies, a rassemblé pendant deux jours, les 15 et 16 août, des délégations de quelque 40 pays et de plus de 30 organisations internationales.
Le constant qui a conduit à l’organisation de la réunion est simple : 32 pays en développement sans littoral abritent plus d’un demi-milliard d’êtres humains. Leurs taux de croissance peuvent varier, mais l’absence d’accès direct à la mer les empêche de suivre le rythme de développement mondial. Les débats de la conférence ont porté sur la manière de transformer les pays enclavés en zones terrestres offrant de larges possibilités de connectivité.
La séance d’ouverture sur le thème « Processus d’Achgabat : financement pour une meilleure connectivité » a été introduit par un message vidéo du président Serdar Berdymoukhamedov dans lequel il a proposé de nouvelles initiatives internationales dans le domaine couvert par la conférence. Il a notamment proposé d'examiner la question de la création d'un groupe de travail spécial sous les auspices de l'ONU pour défendre systématiquement les intérêts des pays enclavés et d’introduire cette activité dans le système de travail des structures pertinentes des Nations unies.
Il a également proposé d'élaborer une résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le renforcement du rôle des pays en développement sans littoral dans la coopération mondiale en matière de transport. Il a notamment précisé qu’un tel document pouvait donner une impulsion significative à la promotion des intérêts des États, montrer l'importance des problèmes en favorisant leur compréhension ainsi que l'engagement de la communauté mondiale à leur trouver des solutions.
Dans un message lu par liaison vidéo, le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a noté que la connectivité des transports est essentielle pour l'avenir de tous les pays en réduisant le coût du commerce, en améliorant l'accès aux marchés mondiaux et en promouvant l'intégration des économies et des personnes, de manière à atteindre les objectifs de développement durable.
Les discours des intervenants ont abordé la question de l'intégration des systèmes de transport des pays en développement sans littoral dans les flux de trafic mondiaux sur une base égale et mutuellement avantageuse. L'urgence particulière de cette question dans la période post-covid a été soulignée.
Au cours des sessions de la conférence ont été aussi abordés des sujets tels que l'état actuel des transports aériens, routiers, ferroviaires et maritimes, les perspectives de développement de ce segment de l'économie mondiale, la possibilité d'attirer des investissements dans les infrastructures industrielles, l'introduction d'innovations et les principaux aspects de la protection et la sécurité de l'environnement.
Une réunion du Conseil de coordination pour le développement du corridor international de transport et de transit Ouzbékistan-Turkménistan-Iran-Oman, créé en 2016 et rejoint par la suite par l'Inde, le Kazakhstan et le Qatar, s’est tenue dans le cadre de la conférence. Les représentants de l'Iran, du Turkménistan, de l'Ouzbékistan et du Kazakhstan ont discuté de la mise en œuvre des accords précédemment conclus concernant les itinéraires de ce corridor. À la suite de la réunion, ils ont signé un protocole additionnel final à l’Accord sur l’établissement d’un corridor international de transport et de transit (l’Accord d’Achgabat). Il prévoit la simplification des procédures et de l’obtention de visas entre les pays participants.
Un certain nombre de documents ont également été signés lors de la conférence. Parmi eux figurent un accord entre le Turkménistan et la Moldavie sur le trafic routier international, un mémorandum d'accord sur la coopération dans le domaine du transport maritime entre le Turkménistan et la Géorgie, ainsi qu'un mémorandum d'accord sur la coopération dans la construction de routes entre le Turkménistan et la Russie.
À l'issue de la conférence, une déclaration finale a été adoptée. Marquant la poursuite de ce que les participants ont appelé « Processus d’Achgabat », elle appelle la communauté mondiale à au moins doubler les investissements annuels dans le développement des infrastructures dans les pays enclavés. Les participants appellent les institutions financières multilatérales et les banques régionales de développement à mettre en place un financement ciblé des infrastructures pour les pays susmentionnés et à leur fournir des moyens spéciaux d'accès aux ressources pour le développement et l'entretien des infrastructures.