Le Turkménistan s’intéresse à l’hydrogène comme source d’énergie
Dans de nombreux pays développés, les travaux sur l’hydrogène en tant que source d’énergie sont considérés comme un vecteur prioritaire pour le développement de la science et de la technologie. Ils reçoivent un soutien financier croissant de la part des agences gouvernementales et des capitaux privés. L’hydrogène, relativement bon marché et respectueux de l’environnement, apparaît comme une solution aux problèmes posés par les sources d’énergie fossiles et l’intermittence des sources renouvelables.
L’expert turkmène bien connu, Allaberdy Iliassov, docteur en sciences techniques, a réalisé pour le site en ligne CentralAsia.news une analyse sur le développement de l’énergie hydrogène comme domaine prometteur de l’industrie du futur. Selon lui, le Turkménistan – qui partage pleinement la préoccupation des pays développés sur l’impact négatif des émissions industrielles sur l’environnement – préconise une coordination étroite des efforts internationaux visant à minimiser les risques et les défis existants.
Les initiatives internationales de l’État turkmène visent à créer une nouvelle architecture de sécurité énergétique mondiale, offrant à tous un large accès à des sources d’énergie peu coûteuses, fiables et modernes. Le Turkménistan, important exportateur de pétrole de gaz naturel s’efforce de maintenir un équilibre entre les objectifs de production et les objectifs de protection de l’environnement.
À cet égard, le gouvernement turkmène estime souhaitable d’élaborer une stratégie des Nations Unies visant à mettre en œuvre des mesures pour le développement de l’énergie à faible émission de carbone et de créer, sous les auspices de l’ONU, une feuille de route internationale pour le développement de l’hydrogène comme l’un des domaines prioritaires du secteur de l’énergie. Achgabat a d’ailleurs approuvé un document dans ce sens dès janvier 2022 et continuera à prendre des mesures cohérentes pour stimuler et renforcer une coopération internationale dans ce domaine.
Le Turkménistan s’oriente clairement vers une collaboration fructueuse avec les pays les plus en avance sur la question de l’énergie hydrogène, notamment l’Allemagne. En effet, la question de la transition vers une « énergie verte » basée sur l’hydrogène occupe une place centrale dans le domaine de la réforme du secteur énergétique en Allemagne. Le sérieux des intentions du gouvernement fédéral de développer une telle énergie est soutenu par l’adoption, en juin 2020, de la « Stratégie nationale pour le développement de l’énergie hydrogène en RFA ». En juillet de la même année, des documents similaires ont été adoptés, cette fois au niveau de l’Union européenne.
L’objectif à long terme de l’Allemagne est de créer une économie neutre pour le climat avec une réduction des émissions de CO2 de 95 % par rapport aux niveaux de 1990. Et l’hydrogène, vers lequel non seulement le transport sera basculé, mais aussi la métallurgie avec l’industrie pétrochimique, jouera un rôle central dans ce processus. Le potentiel de ce marché est énorme. La transition de l’industrie et des transports européens vers l’hydrogène permettrait également de créer de nouveaux marchés et de faire de la technologie de l’hydrogène un produit d’exportation.
Au sein de l’Union européenne, l’Allemagne et le Royaume-Uni sont les plus actifs dans les recherches sur l’énergie hydrogène. Mais d’autres pays dans le monde partagent les mêmes préoccupations. Ainsi, le programme japonais a été lancé en 2014. Son objectif dépasse les simples questions technologiques ou climatiques puisqu’il vise à la construction d’une « société basée sur l’hydrogène ». Quant au programme américain, il fonctionne sous divers noms depuis les années 1970. Et en 2018 et début 2019, l’Australie et la République de Corée ont annoncé leurs stratégies en la matière.
Le Turkménistan n’entend pas rester à l’écart de ce mouvement mondial et ne compte pas se contenter d’un soutien diplomatique dans le cadre des organismes internationaux. Il a des atouts à faire valoir. Car l’une des manières de produire de l’hydrogène est l’électrolyse de l’eau qui implique l’utilisation de grandes quantités d’énergie électrique – notamment de l’hydroélectricité – que le pays produit abondamment. De plus, de l’hydrogène est également produit comme conséquence du raffinage du pétrole, activité essentielle de l’industrie turkmène. Dans ces domaines, le Turkménistan peut également participer à la recherche de solutions innovantes permettant de rendre les processus de fabrication de l’hydrogène plus économes en matière d’émissions de gaz à effet de serre.