Le Turkménistan et la Russie : les fruits d’une relation stratégique
Depuis leur indépendance à l’issue de l’effondrement de l’Union soviétique, le Turkménistan et la Russie se sont toujours distingués par des relations interétatiques d’un haut niveau productif et stratégique. Au total, plus de 170 accords ont été signés entre les deux pays, couvrant de nombreuses sphères d’interaction. Ces dernières années, en dépit de la crise mondiale provoquée par la pandémie, la coopération turkméno-russe dans les domaines de l’économie, de la sécurité et d’autres s’est considérablement accrue, comme l’explique Iouri Aronski, expert et chercheur, président de l’Union des économistes du Turkménistan (UET) et chroniqueur permanent pour la plateforme CentralAsia.news.
En 2021, le volume des exportations de produits turkmènes vers la Russie a augmenté de 92 % par rapport à 2020 et s’est élevé à près de 680 millions USD. L’excédent commercial du Turkménistan dans le commerce avec son voisin russe est aujourd’hui de plus de 270 millions USD alors que volume commercial entre les deux pays atteint presque 1 milliard USD.
Traditionnellement, une partie importante du commerce bilatéral est occupée par le secteur des carburants et de l’énergie. Mais d’autres secteurs de l’économie turkmène comme le textile et l’industrie des matériaux de construction occupent maintenant une place importante dans les exportations vers la Russie. Il faut également noter la croissance des livraisons de fruits et légumes. Le Turkménistan jouit en effet de nombreux avantages pour proposer des prix attractifs : conditions climatiques et bas prix intérieurs du gaz et de l’électricité. Par exemple, pendant les huit premiers mois de 2021, le Turkménistan a vendu à la Russie plus de 32 000 tonnes de tomates de serre, prenant ainsi la quatrième place dans la fourniture de ces légumes à son grand voisin.
La présence économique russe au Turkménistan se concrétise par le travail de plus de deux cents entreprises qui fournissent des machines, des équipements, des moyens de transport, des produits chimiques, des aliments, des produits métalliques, des matières premières agricoles, du papier et du bois. Ces entités russes opèrent également avec succès dans le secteur de la construction. Ainsi, la société Vozrojdenie, partenaire du Turkménistan depuis 12 ans, participe à la mise en œuvre de projets à grande échelle pour le développement de l’infrastructure de transport routier du pays. En 2021, l’entreprise a construit et mis en service à Achgabat la chaussée, la place principale et le terrain de parade devant la nouvelle Tribune de l’État. Elle achève maintenant la construction d’un système de protection contre les coulées de boue, toujours à Achgabat.
L’interaction économique du Turkménistan avec les différentes régions russes peut être également notée. Par exemple, pour la république russe du Tatarstan, le Turkménistan est l’un des plus grands marchés pour ses produits automobiles. Depuis le début de leur coopération, l’entreprise automobile KAMAZ a fourni plus de 11 000 véhicules dont 2 000 au cours des trois dernières années. Depuis 2008, un centre de formation et de service KAMAZ d’une superficie de plus de 5 000 mètres carrés fonctionne à Achgabat et la société construit de nouveaux centres automobiles dans les régions turkmènes. La construction et la mise en service d’un bâtiment d’assemblage pour la production de voitures basé sur le centre de service d’Achgabat sont prévues pour le quatrième trimestre de 2022.
Un autre exemple est la région d’Astrakhan, de l’autre côté de la mer Caspienne. En décembre 2021, lors d’une visite de travail à Achgabat du gouverneur de la région d’Astrakhan, il a été convenu d’ouvrir dans un proche avenir, un centre logistique du Turkménistan à Astrakhan. Le travail de ce centre aura un effet positif sur la dynamique de la croissance du volume commercial qui, au cours des neuf premiers mois de 2021 s’est élevé à 200 millions USD.
La coopération se développe aussi grâce à d’autres entreprises importantes comme le fabriquant automobile GAZ (Nijni Novgorod) qui exporte au Turkménistan des bus, des voitures, des équipements spéciaux et des pièces de rechange. Le chantier naval Krasnoïe Sormovo, également à Nijni Novgorod a construit six pétroliers pour le Turkménistan depuis 2009. Quant à Lukoil, l’une des plus grandes sociétés pétrolières et gazières privées de Russie, elle participe au développement du champ turkméno-azerbaïdjanais Dostlouk (« Amitié ») en mer Caspienne.